Les carrières

Les roches disponibles, schistes, grès et calcaires ont toujours servi aux besoins de la construction locale. Mais les propriétés de certaines de ces roches ont été à l’origine de productions renommées et de savoir-faire précieux.

Le marbre de Vieux

Présent dans les sites archéologiques de Vieux-le-Romaine et dans son musée, le marbre de Vieux a fait l’objet d’une exploitation dans l’antiquité gallo-romaine. De nombreux bénitiers, fonts baptismaux et autres mobiliers religieux témoignent de son utilisation prolongée au cours des siècles suivants. Les vestiges de ces carrières sont visibles sur le territoire de la commune en bordure du Chemin Haussé entre Vieux et le moulin de Bully.

Iconographie :

  • Front de taille, carrières de marbre de Vieux à Feuguerolles-Bully. Cliché P. Coftier.
  • Bénitier en marbre de Vieux, église de Bully. Cliché P. Coftier.

Les carrières à pavé

Le grès de Feuguerolles aux nuances variées, à dominante rouge, de tout temps utilisé pour la construction des bâtiments de la région, est surtout connu pour la fabrication de pavés, dalles, bordures de trottoir. Il sert aussi à l’empierrement des routes et au ballast sur lequel repose les voies de chemin de fer. L’organisation de la production au XIXe siècle présente ici une originalité. Pour exploiter la roche, les habitants de Feuguerolles peuvent obtenir une petite concession sur un terrain communal, la Bruyère. En contrepartie, les « carrieux » versent une modeste contribution à la commune. Ils sont encore une cinquantaine dans ce cas en 1905. L’homme extrait manuellement les blocs de pierre et taille le pavé. Femmes et enfants concassent le caillou armés d’une petite massette au bout d’un long manche flexible. De nombreuses petites carrières familiales sont encore visibles dans la Bruyère de Feuguerolles.

Iconographie : Guillaume Fouace : Le déjeuner du casseur de pierres, 1885. Conseil régional de Basse-Normandie.

Les carrières industrielles

Les carrières constituent un élément essentiel pour l’établissement et l’entretien des voies ferrées. La pierre concassée fournit le ballast sur lequel repose la voie et les ouvrages d’art requièrent une quantité considérable de pierres de taille.

Les carrières de Feuguerolles, au bord de l’Orne, sont idéalement situées sur le trajet de la voie Caen-Laval. L’importante demande en grès concassé par la Compagnie des chemins de fer de l’Ouest va donner naissance à des entreprises à caractère industriel qui vont se substituer aux nombreux petits entrepreneurs. Ces derniers vont céder le terrain, non sans résistances.

En 1897, François Mège, entrepreneur parisien de travaux publics, sollicite deux hectares de la Bruyère de Feuguerolles. Il se heurte aux carriers de Feuguerolles qui « prient instamment Monsieur le préfet de sauvegarder leurs intérêts en n’autorisant pas M. Mège à entrer sur la Bruyère de la commune qui est leur gagne-pain [1]». Les protestations relayées par le Conseil municipal ne pèseront pas face aux considérations avancées par l’autorité administrative, « la nécessité absolue » pour la voie de chemin de fer et « l’intérêt sérieux au point de vue défense nationale[2] ». Le préfet contraint la commune à accepter l’occupation de 25 hectares[3].

  1. AD14, 630EDT. Pétition de 45 carriers de Feuguerolles, mars 1898
  2. AD14, 630EDT33/8. Secrétaire général de préfecture, le 9 juin 1898
  3. AD14, 630EDT33/8. Arrêté préfectoral du 26 mars 1900

Iconographie : Vestige de concasseur du début XXe siècle, carrières industrielles de Feuguerolles-Bully. Cliché P. Coftier.

La briqueterie

En 1902, François Mège, propriétaire de carrières à Feuguerolles, saisit l’opportunité de la présence d’une couche d’argile avoisinant le grès pour créer la Grande briqueterie de Feuguerolles-Saint-André. Celle-ci bénéficie d’un avantage particulier sur ses nombreux concurrents en région normande ; elle est située sur la ligne Caen-Flers qui permet de diffuser la production destinée à satisfaire les énormes besoins de la construction à la Belle Epoque.

L’affaire prend de l’importance, se dote d’un matériel moderne. Une société est créée, la Compagnie des grandes briqueteries, tuileries et carrières de grès quartzeux de Feuguerolles-Saint-André. La briqueterie qui compte jusqu’à 140 ouvriers avant de s’arrêter définitivement en 1927.

Iconographie :

  • Briqueterie de Feuguerolles, carte postale début XXe siècle. Coll. P. Coftier.
  • Briqueterie de Feuguerolles, maison de direction. Cliché Pierre Coftier.
  • Briques de Feuguerolles.

Le Béton vibré

L’entreprise Béton vibré est créée en 1946 sur le site de la briqueterie de Feuguerolles par Yves Guillou, maire de Caen, Bertrand Guillou, entrepreneur en bâtiment, Robert Hamelin, industriel en papeterie. Son créneau est la préfabrication d’éléments en béton, en réponse à la forte demande liée à la Reconstruction après la Seconde Guerre mondiale.

Icono : Le Béton vibré. Cliché Pierre Coftier.