Histoire de la commune

Histoire de Feuguerolles-sur-Orne

Étymologie

On voit apparaître, pour la première fois le nom de Feuguerolles, dans un docu­ment de Hugues II, Évêque de Bayeux, vers 1035/1037. A cette époque, on nommait cette paroisse de la proche banlieue de « Cadomus -Caen », du nom de Felcherolles.

Vers 1066 : Fillœroloe – en 1082 : Filcherloe – en 1092 : Felgeroles – en 1144: Felcheroles – en 1153: Feuguerolles – vers 1190 : Feulgeroles. Enfin, à partir de 1198 : Feuguerolles.

Ce nom vient du latin filix, intermédiaire de filicaria ou filicarium et qui signifie « Fougères ». Le patois Normand prononçait « Feugeres ».

Une autre thèse voudrait que ce nom de Feuguerolles « Feu » provienne de la couleur de feu de la pierre de ses carrières, d’un brun roux parfois rouge vif. Quoi qu’il en soit, on peut dire que Feuguerolles connut, très tôt, une certaine notoriété à cause de sa pierre, située au lieu­dit « La Bruyère », dont le sous-sol constitué par un banc de grès quartzeux fut exploité dès le Moyen-Âge et, fort probablement, aussi à l’époque Gallo-Romaine. Ce n’était pas de la pierre de taille mais sa solidité et sa couleur en faisaient sa renommée.

Cette pierre fut, en grande quantité, transportée vers Caen « pavés des rues » et les maisons anciennes de Feuguerolles en portent encore la caractéristique. On se souvient encore des belles pro­priétés, dont les hauts murs et tourelles attestaient de la facilité à se procurer de la pierre sur place. Cependant, la réputation de Feuguerolles se fondait aussi sur la culture d’une plante d’une certaine importance pour l’époque : la Voide, dont la mise en valeur constructive du terrain a remis le nom en honneur.

Feuguerolles était une banlieue de Vieux appelée, en ces temps-là, « Aragena Viducassius Arigenus » 11ème siècle, peut-être du latin « area » (emplacement pour bâtir), et « Germa » « la Guigne », cours d’eau qui passe à Vieux et rejoint l’Orne à Bully.

Origines

Petite commune de la plaine de Caen dont on connaît les origines et l’histoire, grâce au laborieux travail de recherches aux archives du commandant Henri Navel. Voilà presque 100 ans, en effet, que Monsieur Navel, en convalescence au Manoir des Cours d’Orne, se prit de passion pour ce terroir et voulut en rechercher les ori­gines. Nous lui devons de connaître la genèse de notre petite commune et lui en sommes, à posteriori, très reconnaissants.

Nous n’avons ni château médiéval, ni lieu historique. Cette paroisse avait, cependant, en ses murs quelques propriétés singulières dont les « possédants » étaient, pour la plu­part, attributaires à Caen de charges assez importantes : Écuyers, Hauts Responsables Financiers en la ville par charge royale, digni­taires, etc.

Ainsi l’Hôtel de Caen, répertorié sous le nom de Monsieur Le Bourguignon du Perré de Lisle, était-il aussi celui apparte­nant à cette même famille résidant à Feuguerolles au Val des Rocquiers, et long­temps propriétaire également du domaine des Cours d’Orne.

À cette époque (vers 1542), les Cours d’Orne constituaient un hameau (on comptait 200 âmes environ) où habitaient Gilles Gosselin, Laurent d’Orne, Roger le Saunier et autres, puis un nommé Jean Gosselin qui se rendit propriétaire de toutes les maisons et parcelles de terre. Le tout fut reconstitué en un seul tenant de huit hectares. Ces terres buttaient sur celles de l’Abbaye de Fontenay donnant ainsi de l’importance à la propriété. Il sut, au cours d’une longue existence, l’augmenter considérablement. Jeune homme, au moment de l’invasion de 1417, il se rallia au parti anglais, tout au moins en apparence. Il épousa, plus tard, Jeanne du Bosquage, nièce de Guillaume le Picard qui était, en 1428, Avocat du Roy d’Angleterre. Il obtint de celui-ci le don des biens de Laurent d’Orne qui avaient été confisqués pour rébellion. De 1435 à 1450, Jean Gosselin habita Caen, mais à partir de 1452, il demeura à Feuguerolles. Il était allié aux familles Le Von et de Trois-Monts, Jean Le Von étant son oncle et Thomas de Trois-Monts son Beau-Frère. Il fut nommé Sénéchal du fief de Feuguerolles-Beuville de 1453 à 1473. Le 12 Octobre 1470, il acheta ce fief à Jean Jacqueson, mais les partages qu’il attri­buait à Jean Jacqueson ayant été modi­fiés, cet acte de vente fut annulé. Pour couronner sa longue carrière en Juillet 1480, il obtint de Louis XI des lettres d’anoblissement. Il mourut peu après.

Son Fils ainé, Guillaume Gosselin, Écuyer, habitait les Cours d’Orne. Le premier acte de tabellionage fait en son nom est du 1 er Octobre 1457, il était donc majeur à cette date.

Le 6 Octobre 1487, il donnait à perpétuelle aumône à l’Abbaye de Fontenay « tout ce qu’il possédait en la paroisse de St-André-de-­Fontenay se fait en la faveur du Révérend Père en Dieu Laurent Le Von, par la permis­sion divine, humble Abbé du Moutier dudit lieu de St-Étienne, aussi, et afin que les âmes de mes prédécesseurs, parents et amis, tant vifs que trépassés, soient partici­pants et accueillis en prières et oraisons à ladite Abbaye« .

Le 23 Novembre 1495, Noble Homme, Maître Guillaume Gosselin, Écuyer, Sieur de Coullombelles baillait, par échange, à Maître Robert Guinet, Bourgeois de Caen, le Manoir des Cours d’Orne et toutes les terres qu’il possédait à Feuguerolles, contre des biens sis à Tilly/Seulles et aux environs. Guillaume recevait, en outre, une soulte de 666 livres tournois avec 10 litres de vin. Guillaume Gosselin, Sieur de Coullombelles, eut pour héritier Michel Gosselin à qui succéda Sir Hugues Gosselin mort à la fin du 15e siècle.

En ces années 1400-1500, l’Abbaye Saint-­André-de-Fontenay était importante et très influente sur la région, les religieux avaient installé un bac (barge tenant lieu de passage entre les deux rives de l’Orne) car il n’y avait pas de pont pour franchir la rivière. Ils perce­vaient un droit de passage dont les habitants des paroisses de Feuguerolles, Bully, Maltot, Vieux, Saint-André, Saint-Marin et Étavaux étaient exemptés (ils avaient le droit de passer, à pied, à cheval, en charrette à che­vaux, charrue, sans payer aucune charge audit bac). C’est au 12e siècle que les Abbés de Fontenay avaient obtenu du Roy la per­mission d’établir un passage sur la rivière d’Orne pour l’exploitation des biens de l’Abbaye situés sur la paroisse de Feuguerolles.

Le Fief de Bully

Le Fief de Bully contenait 200 acres environ sur la paroisse de Bully et en possédait également 72 acres sur le territoire de Feuguerolles.

Au 11ème siècle, il était la propriété de la Famille Marmion qui a laissé son nom à Fontenay-le-Marmion.

Au 13ème siècle, il passe aux mains de la Famille de Bully, puis du 14ème au 16ème siècle, dans la Famille Baussain. Cette dernière était de très ancienne noblesse et subsista à Feuguerolles jusqu’à la fin du 18ème siècle.

Depuis deux siècles, Bully est devenu petite Commune paisible mais dont le charme attire maints promeneurs. Ce village est plus connu des Caennais et des Gens des environs que n’est Feuguerolles.

Son cadre verdoyant, sa descente pitto­resque vers la rivière, les abords de l’Orne qui ont vu, pendant des siècles, son moulin bourdonnant d’activité, amènent le voyageur à côtoyer la vieille petite Église dont le cadre séduit ceux qui savent s’y arrêter un moment.

Église fort ancienne, elle date du 12ème siècle. Bâtie en pierres disposées en « arête de poisson », son minuscule clocher et son tympan usé mais intéressant, la rendent originale. Le frontispice situé sur le haut de la porte d’entrée montre un homme écartelé entre deux énormes félins, sans doute des tigres ou des lions. Dédiée à Saint-Martin, mais depuis des rustres sous le patronage de Saint Gorgon, on peut penser que, sous l’Empereur, Chrétien ou Soldat y fut martyrisé et jeté aux fauves et, de là découlerait cette sculpture.

Dans l’Église très sobrement meu­blée de bancs rustiques, on peut remarquer deux statues principales. Celle de la Sainte Vierge Marie tenant dans sa main droite ce qui a dû être un poisson et celle de Saint Gorgon habillé en soldat romain.

Le Cimetière en pente allant vers la rivière est un lieu de paix et de recueillement.

Le moulin, situé au bas de la des­cente, eut à Bay, durant deux siècles, une vie intense dont nous rappelons la mémoire plus haut.

Entre l’Église, le Cimetière et le Moulin, muet à présent, on voit encore un passage qui s’arrête au bord de l’eau. Il est raconté que Guillaume le Conquérant et ses troupes venant par des chemins sis au-dessus de Vieux et traversant le village qui conserve ces traces, arriva par ce chemin dit « chemin Haussé » longeant la Guigne, petite rivière qui se jette dans l’Orne à Bully. Là, ils passè­rent le gué, sur une chaussée encore visible à certaines époques de l’année, et se rendi­rent ensuite à Dives-sur-Mer d’où ils s’em­barquèrent pour conquérir l’Angleterre.

127

Dans la vallée de la Guigne, sur Bully, en allant vers Vieux par un chemin rugueux, mais tellement paisible, existaient, voilà des siècles, des carrières de marbre rouge (ne dit-on pas qu’elles furent exploitées par les Gallo-Romains I). Ces carrières fournirent des blocs dans lesquels furent taillés, entre autres bien des baptistères, des bénitiers pour les Églises et aussi pour un monument datant du 3ème siècle « le marbre de Vieux » lequel, en 1931, se trouvait encore à l’Hôtel de Ville de Saint-Lô.

D’après Monsieur Béziers (Évêché de Bayeux), le Cardinal de Richelieu aurait uti­lisé le marbre des carrières de Bully pour la construction de la Sorbonne à Paris. Ce banc de marbre rouge se retrouve de l’autre côté de l’Orne, dans la vallée de la Laize.

Il y avait aussi, sur la Guigne, le Manoir de Brieux, on en voit encore quelques vestiges, et un Moulin fonctionnant encore dans les années 1900. Il était exploité pour la fourni­ture des farines destinées aux animaux.

Remontons vers le village, il ne reste que bien peu de demeures ayant résisté aux des­tructions de la guerre en 1944. Là où est actuellement l’École, était située une ferme,

En 1973, la Commune de Bully devint Commune associée à Feuguerolles-sur­Orne, avec un Maire Adjoint et 2 Conseillers Municipaux.

L’entente fut toujours très cordiale, mais pour faciliter les fonctions administratives, en l’année 2002, eut lieu la fusion entre les deux Communes et dorénavant, on les nomme « Feuguerolles-Bully ». Depuis 2002, les deux communes sont désormais réunies en une seule. Il n’y a plus de quotas d’habitants des deux villages au conseil municipal. Nous souhaitons longue vie à ces deux « antiques paroisses » qu’un lien d’amitié très fort a soudé entre elles depuis plus de deux siècles.

Extraits de « Survol de mille ans d’histoire de Feuguerolles et Bully » – Claire Lamidey-Voize

(en vente à la mairie ou à la médiathèque)

histoire
La grille d’entrée située à St-André­sur-Orne

En 1217, Robert TESSON jouissait du moulin du Sieur de CALMESNIL.

En ces temps anciens, il était courant que les moulins soient possédés par plusieurs propriétaires. On sait, par exemple, que le fief Noël de Feuguerolles possédait le tiers du moulin neuf à Vieux, et que la prébende de Feuguerorles avait le quart d’un moulin à Bully.

rl était vital, alors, qu’un Seigneur possédât un moulin en tout ou en partie afin d’y faire moudre son grain et celui de ses vassaux, puisque les paiements et les échanges ne se faisaient qu’en nature grain, paille, bois, volaille, beurre, oeufs, etc.

De plus, ils assuraient un revenu appré­ciable pour les propriétaires qui percevaient une redevance sur les moutures.

Un accord, en date du 23 Octobre 1482, nous apprend que le moulin d’Harundel n’existe plus (vétusté ou incendie ?), mais les Religieux se réservaient le droit de le réédi­fier… En fait, ils ne le firent jamais, mais ils continuèrent, comme ils en avaient l’obliga­tion à entretenir la moitié de la chaussée.

15